icon La Découverte de 1983


Washington Post
Découverte d'un mystérieux corps céleste, la Une
31 décembre 1983

Un corps céleste probablement aussi gros que la planète géante Jupiter et probablement aussi proche de la Terre qu'il ferait partie de ce système solaire a été trouvé dans la direction de la constellation d'Orion par un télescope en orbite à bord du satellite astronomique infra-rouge américain. L'objet est si mystérieux que les astronomes ne savent pas s'il s'agit d'une planète, d'une comète géante, d'une "proto étoile" proche qui n'aurait jamais été assez chaude pour devenir une étoile, d'une galaxie distante et si jeune qu'elle serait encore dans le processus de formation de ses premières étoiles ou d'une galaxie tellement enveloppée de poussière qu'aucune lumière émise par ses étoiles n'en pourrait sortir. "Tout ce que je peux vous dire c'est que nous ne savons pas de quoi il s'agit", a dit dans une interview le Dr Gerry Neugebauer, directeur scientifique du projet IRAS au Jet Propulsion Laboratory de Californie et directeur de l'observatoire du Mont Palomar à l'Institut de Technologie de Californie.

L'explication la plus fascinante concernant ce corps mystérieux, si froid qu'il n'émet aucune lumière et n'a jamais été vu par les télescopes optiques sur Terre ou dans l'espace, est qu'il s'agirait d'une planète gazeuse géante, aussi grosse que Jupiter et aussi proche de la Terre que 50 billions de miles. Alors que cela puisse paraître une distance énorme à l'échelle terrestre, c'est un jet de pierre à l'échelle cosmologique, en fait si proche qu'il s'agirait du corps céleste le plus proche de la Terre au delà de la dernière planète Pluton. "S'il était vraiment si proche, il ferait partie de notre système solaire", dit le Dr James Houck du Centre de Radio Physique et Recherche Spatiale de l'Université de Cornell et membre de l'équipe scientifique du projet IRAS. "S'il est si proche, je ne sais pas comment les scientifiques mondiaux en planètologie vont pouvoir le classifier."

Le corps mystérieux a été vu deux fois par le satellite infra-rouge alors qu'il balayait le ciel de l'hémisphère nord de janvier dernier à novembre, après que le satellite ait déversé l'hélium froid devant permettre au télescope de voir les corps célestes les plus froids. La deuxième observation eut lieu six mois après la première et suggéra que le corps mystérieux n'avait pas bougé de son emplacement dans le ciel près du bord ouest de la constellation d'Orion à ce moment-là. "Cela suggère que ce n'est pas une comète parce qu'une comète ne serait pas si grosse que ce que nous avons observé, et une comète aurait probablement bougé," dit Houck. "Une planète pourrait avoir bougé si elle était aussi proche que 50 billions de miles mais cela peut aussi bien être une planète plus éloignée qui n'aurait pas bougé en l'espace de six mois."

Quoi que cela soit, dit Houck, le corps mystérieux est si froid que sa température n'excède pas 40° au dessus du zéro absolu, qui est 459° Fahrenheit en dessous de zéro. Le télescope embarqué sur IRAS est refroidi si lentement et est si sensible qu'il peut "voir" des objets dans le ciel qui sont seulement à 20° au dessus du zéro absolu. Quand les scientifiques du projet IRAS virent pour la première fois le corps mystérieux et calculèrent qu'il pourrait être n'être qu'à 50 billions de miles de nous, il y eut quelques spéculations sur le fait qu'il pourrait se diriger vers la Terre. "Ce n'est pas un paquet cadeau qui nous est envoyé," dit Neugebauer de CalTech. "Je veux jeter de l'eau froide sur cette idée autant que je peux."

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